Par Mary B.
Photos : Dom Agular
Installée sur un transat un 15 août aux Saintes, après une discussion avec une de mes meilleures amies, un peu triste, mais philosophique, sur la vie et l’acceptation, je regarde le ciel, les étoiles, avec une question en suspens : que signifie aujourd’hui réussir sa vie… ? Et plus précisément, qu’est-ce que la réussite signifie aujourd’hui ? Qu’attendons-nous de la vie et où plaçons-nous notre curseur, pour parler de réussite ?
Bien souvent, les deux premières réponses qui viennent en tête sont liées à la carrière ou à la famille : aux enfants que nous avons élevés et éduqués et que l’on voit grandir avec plaisir ou à sa bâtisse solidement ancrée et qui réunit, les dimanches ensoleillés ou de pluie, toute sa famille. L’idée selon laquelle la réussite est liée à la carrière vient en tête, car souvent, la société dans laquelle nous vivons nous définit par notre profession. Notre niveau professionnel nous classifie et nous attribue une valeur sur l’échelle sociale. Les critères retenus : un bon salaire, un poste à responsabilités, le nombre de fois que notre téléphone sonne, notre bureau blanc laqué qui croule sous des dossiers urgents de la plus haute importance… Des références classifiées, codées, auxquelles nous nous rattachons ou rattachions. Car oui aujourd’hui à l’ère du wellness et de l’avènement du yoga, des retraites chamaniques, on se demande si le curseur de la réussite ne bouge pas et ne vient pas se positionner sur des choses moins superficielles, ou plutôt pour employer le bon terme, plus spirituelles… Effet déjà constaté par le retour à l’essentiel, à ce boom des trentenaires
« late bloomers » qui se tournent - une fois le job bien payé plaqué, un burn-out malheureusement encaissé, et un tour du monde achevé - vers une passion assumée.
On peut donc réussir sa vie en étant à l’écoute de soi, de son cœur et non plus uniquement des codes sociétaux.
Le wellness peut être traduit comme la nouvelle attitude qui nous pousse à prendre conscience du bien-être à la fois que l’on se procure, mais aussi – et la nouveauté est ici – au plaisir que l’on procure également aux autres. En devenant altruiste, en prenant soin de soi, de la nature et des autres, est-on plus heureux ? A-t-on accompli quelque chose ?
© H13
L’altruisme est un concept développé par Auguste Comte au XIXe siècle, et se positionne comme le nouveau sérum de jouissance, associé au do-gooding. Ce concept est aujourd’hui adopté par des entreprises qui souhaitent investir en redorant leur image, et en ayant un impact plus porteur sur la société. On considère que l’autre c’est aussi soi, en faisant du bien à l’autre, à la planète, c’est aussi un peu à soi que l’on pense, donc par extension, au bien-être de l’humanité. Viens, après ce sentiment du devoir accompli, un sentiment de fierté d’avoir laissé un monde un peu meilleur, grâce à nous. Aider son prochain peut se matérialiser de plusieurs façons, soit par un élan de générosité financier, soit par une écoute attentive, de la bienveillance. Les événements climatiques Irma et Maria de fin 2017 aux Antilles, ont révélé et permis de matérialiser ces élans de générosité et d’aide envers les autres. Les dons en nature ou financiers ont afflué pour venir en aide aux familles sinistrées et permettre la reconstruction de villes entières.
© Alyssa Stromann
Lors de notre dernier bilan, lorsque la faucheuse viendra nous chercher, se dira-t-on « oh, je n’ai pas assez travaillé », ou « oh, j’ai ri, j’ai aimé, j’ai pleuré, j’ai donné et rendu heureux ceux que j’aime, ceux qui m’entourent et mieux encore, cet élan d’amour se poursuivra après moi » ? En laissant un jardin plus fleuri, en s’appropriant des valeurs morales et sociales plus altruistes, on pourra peut-être dire qu’on a réussi… On peut donc réussir sa vie en étant à l’écoute de soi, de son cœur et non plus uniquement des codes sociétaux. Redonner du sens, réenchanter nos vies, et pourquoi ne pas trouver une réponse à la question : pourquoi sommes-nous là ?
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