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Shaïna Bihary | Au Comptoir de Grem

Dernière mise à jour : 10 févr.

Propos recueillis par Ken Joseph

Photos : Éric Corbel

 




À peine ses études finies et un court passage sur les bancs du salariat, à seulement 24 ans Shaïna Bihary est déjà son propre patron et fait partie de cette génération « même pas peur » qui en quête de sens et de réalisations ose bouger les lignes.




Comme un besoin de liberté.


Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours perçu la femme comme étant battante, courageuse et libre d’être. Pourtant, on entend souvent dire qu’être une femme est un handicap lorsque l’on entreprend ou pour toutes choses. D’ailleurs, il m’a été glissé que le fait d’être une femme me causerait plus de mal à créer mon entreprise que si j’étais un homme. Pour moi, c’est mettre des barrières sur quelque chose qui ne répond pas au genre. C’est d’ailleurs au moment où j’ai créé mon entreprise que je me suis sentie le plus femme.


(…) j’ai réalisé que je me sentais plus à l’aise lorsque j’avais une certaine liberté d’organisation et de décision. C’est à ce moment précis que se dessine mon intérêt pour l’entrepreneuriat.

Enfant, je me sentais vraiment différente des autres. Quand mes camarades de classe projetaient d’être pompiers ou policiers, je rêvais d’être chanteuse lyrique. À quatre ans, je répétais sans cesse à ma mère que je voulais faire de la musique et dès l’âge de cinq ans, j’ai pu intégrer le conservatoire national de Bobigny, en région parisienne, pour des cours d’initiation à la musique. En temps normal, l’initiation s’étale sur une année scolaire, mais mes professeurs m’ayant décelé des prédispositions à la pratique m’ont octroyé quelques mois plus tard l’accès à de véritables cours individuels de violon.



En parallèle à ces années passées au conservatoire, j’ai suivi un cursus scolaire général qui a abouti à un baccalauréat scientifique à l'âge de 17 ans avec une réelle volonté d’être médecin. Pour moi, la musique et la médecine ont une chose commune : le pouvoir d’aider les gens. Malheureusement, ma première année de médecine a été mon premier échec… Je trouvais difficile d’apprendre machinalement des choses qu’on ne vous explique pas, le but étant de suivre sans poser de questions. Suite à cela, j’ai énormément douté de mes capacités intellectuelles et du choix de mon orientation scolaire. C’était une évidence, voire une obligation pour moi d’être diplômée. J’ai finalement décidé de prendre une année sabbatique, afin de prendre du recul sur mes études. Durant cette période, j’ai aussi décidé de me lancer dans le monde du travail.



De gauche à droite : Fabienne Dufait-Dacalor (Yotaena), Shaïna Bihary (Au Comptoir de Grem), Catherine Linel ( responsable de la communication et du marketing chez BNP Paribas Antilles-Guyane) et Anne-Gaëlle Lubino (Le Café Papier). © Éric Corbel.



Mes premiers pas, en tant que salariée, n’ont pas été faciles. Je me demandais toujours :

« Pourquoi ils font ainsi, et pas autrement ? » Dans les différents postes que j’ai pu occuper, j’arrivais, de façon naturelle, à effectuer mes tâches dans des délais relativement courts. Dans certaines entreprises, cela était bien perçu des collègues, mais dans d’autres cela n’apportait, malheureusement, que jalousie. Après coup, j’ai réalisé que je me sentais plus à l’aise lorsque j’avais une certaine liberté d’organisation et de décision. C’est à ce moment précis que se dessine mon intérêt pour l’entrepreneuriat. Un intérêt qui s’est accentué lors de mon installation en Guadeloupe, où j’ai eu la chance de travailler dans le domaine des spiritueux et du tabac. Une expérience qui m’a énormément plu. Je me suis tout de suite vu tenir ce type de boutique en y apportant ma touche.





Au comptoir de Grem.


Avec ma mère, nous discutions souvent de nos projets. Elle était très emballée par mon idée et souhaitait qu’on ouvre cette boutique en devenant associé. Habitant Petit-Bourg, la zone de Colin nous a semblé le lieu idéal pour ouvrir un tabac/cave. Il était cependant difficile de trouver un espace dans cette zone au moment de nos recherches. Nous avons donc commencé à chercher ailleurs où il manquait ce type de commerce. Jusqu’au jour où en repassant à Colin, nous avons vu un local à louer. Nous avons donc demandé à le visiter, ce qui nous a vite convaincu qu’il était parfait pour le projet. Finalement, ma mère m’exhorte à passer à l’acte et d’ouvrir seule cette boutique que j’avais en tête. Grâce à son soutien financier, mais surtout moral, j’ai pu me lancer sans grande peur ou difficulté. Je savais que je ne serais pas seule et cela m’a permis d’aller jusqu’au bout, sans abandonner. Mon concubin m’a aussi soutenu et permis de m’investir pleinement dans la création de mon entreprise. Mes frères m’encourageaient, mais pour les autres membres de ma famille je n’ai soufflé mot de la création de mon entreprise qu’une fois la boutique ouverte, car je voulais leur faire la surprise.


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La création de mon entreprise n’a pas été simple. J’avais 23 ans quand j’ai entamé les démarches au vu du financement de ma société. Difficile pour une banque de faire confiance à une jeune femme sans solide expérience dans le domaine, mais BNP Paribas a su tendre l’oreille et me laisser ma chance. J’ai pu expliquer l’ampleur de mon projet lors d’un rendez-vous et avoir une réponse rapide par la suite. J’ai eu la chance d’avoir des interlocuteurs qui ont fait de leur mieux pour effectuer les démarches dans les meilleurs délais et suivre mon dossier jusqu’au déblocage des fonds. C’était un véritable soulagement d’être aussi bien entourée, car c’est un véritable parcours du combattant, d’autant plus pour les démarches administratives. Pour exemple, l’étape de la CCI a été complexe pour les formalités liées à la vente de tabac : il a fallu six semaines pour valider mon dossier alors que quinze jours sont habituellement nécessaires. Cependant, même après l’ouverture, il y a toujours des difficultés, que ce soient les travaux qui ne se passent pas comme prévu ou encore un fournisseur qui a oublié votre commande. Mais rien d’insurmontable, on trouve toujours des solutions !


Si je devais recommencer les choses, je ne ferais pas tout à l’identique, car il est toujours possible de s’améliorer. Mais avant d’y penser, j’ai beaucoup d’idées concernant le développement de ma boutique, mais tout vous dire ici ne ferait que gâcher la surprise !

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