Par Mélissa Méridan et Ludivine Prosper
Photo : Tasha Jolley
À cette crise sanitaire s’est adapté qui a pu, se relèvera qui pourra…
Après cette crise sanitaire, notre résilience de chef d’entreprise a été mise à rude épreuve. Ce temps d’arrêt pour certains et d’affluence pour d’autres était aussi l’occasion de faire un bilan de la structure de nos entreprises, de la flexibilité de notre organisation et de prendre du recul sur les leviers essentiels pour assurer la performance, avenir de nos structures. Mais regardons les choses sous un autre angle. Enfin, essayons !
© Stéphanie Harvey
Ma réalité de chef d'entreprise.
Notre environnement, nos habitus conditionnent nos actions. Créer son entreprise est parfois l’occasion de casser les codes qui ne nous correspondent plus ou qui sont contraires à notre vision. Nombreuses sont les raisons de passer à l’action : manque de reconnaissance dans son emploi, perte de sens, recherche d’une qualité d’actions et de prestations, création de son propre emploi (sortir de l’inactivité), besoin d’affirmation de soi… Autant de raisons aussi légitimes les unes que les autres, mais qui marquent néanmoins une envie commune de sortir d’une réalité subie pour s’orienter vers une prise en main de son destin, une volonté d’avancer selon sa propre vision et dans la majorité des cas « faire autrement » ! Mais à quel prix ?
La tentation de rentrer dans l’engrenage de l’épuisement professionnel et personnel devient alors de plus en plus forte (…)
Le don de soi ! Cette fameuse abnégation qui nous porte à la création et qui nous pousse à nous donner corps et âme pour la réussite de notre projet. Non sans risque, mais tellement énergisante ! Notre entreprise devient notre « bébé » comme beaucoup ont tendance à le dire. Un « bébé » que l’on se doit de protéger, nourrir, soigner, habiller, éduquer et faire grandir. Cependant, les mots ont leur importance ! Non pas « faire grandir », mais « aider à grandir » et c’est bien là tout le piège de l’histoire.
© Anca Gabriela Zosin
Au fil des années, ressentez-vous une forme d’épuisement avec la sensation de porter seul(e) l’ensemble des difficultés de l’entreprise, avoir la sensation de ne pas être entouré(e) à votre juste valeur ? La tentation de rentrer dans l’engrenage de l’épuisement professionnel et personnel devient alors de plus en plus forte : perte de lucidité, identitaire parfois ; allant jusqu’à la répétition de schémas que vous avez toujours rejetés. Ne culpabilisez pas ! Cela est normal.
(…) en temps de crise, c’est le spectre de l’individualité qui prend le dessus, ce phénomène peut être tempéré et coloré par l’existence d’une cause commune (…)
En créant, nous nous positionnons avant tout comme technicien(ne), expert(e) du cœur de métier de notre entreprise. Cependant, les casquettes de dirigeant(e) sont multiples et il ne semble pas humain de pouvoir mener de front l’ensemble de ces métiers sur toute la durée de vie d'une entreprise, 99 ans. Une vie d’entreprise qui comme toute entité dotée d’une personnalité évolue dans un environnement en mouvement. Être chef(fe) d’entreprise n’est pas de tout repos, parole de RH Business Partner entrepreneuses ! Alors, comment faire preuve d’autant de flexibilité ? Comment mener toutes nos missions de front ? Sans parler, bien évidemment, de votre vie personnelle !
Une dichotomie interne à la limite de la schizophrénie qui en temps de crise ou post-crise, nous empêche d’avoir une perception éclairée des décisions à prendre. Nous devons nous adapter, mais comment ? Assurément, en tant que chef(fe) d’entreprise expert(e) vous avez autour de vous une équipe de collaborateurs(trices) investie partageant votre passion pour l’entreprise et mobilisée pour le projet commun ou encore vous avez à votre disposition des conseillers compétents et disponibles…
© Annie Spratt
Culture d’entreprise ou culture de l’entreprise ?
Alors à ce stade de l’article, nous vous mettons au défi de trouver la définition de la culture d’entreprise et de distinguer la nuance avec la culture de l’entreprise. Bien évidemment pas de définition toute faite, mais l’expression de ces deux notions au sein de votre entreprise. Facile ou non ? Encore une fois, ne culpabilisez pas, ce n’est pas inné. Ces deux notions n’en demeurent pas moins capitales pour garantir la flexibilité ; un climat interne favorable à la performance et aussi éviter l’engrenage que nous avons abordé plus tôt.
La culture d’entreprise est unique à chaque entreprise, elle fait référence à un socle de fonctionnement commun réunit autour de valeurs, de rites, d’une histoire, d’une mission, d’une vision, d’une identité propre et de l’identité du/de la dirigeant(e). En général, elle n’est pas notre priorité au démarrage de notre activité, mais elle se doit de l’être au moins au moment du premier recrutement. Elle permet d’instaurer un mode de fonctionnement commun et annonce dès le début les règles du jeu. Il s’agit d’un véritable levier identitaire utile à la sélection des futurs collaborateurs, mais également à fédérer autour d’un projet commun. D'autre part, la culture de l’entreprise est quant à elle une notion d’autant plus indispensable, car elle fait référence à la perception de l’entreprise par les personnes qui la composent. Elle est un facteur déterminant de l’investissement de chacun au sein de l’organisation. N’étant pas systématique, elle se doit d’être cultivée par tous moyens, notamment à travers la culture d’entreprise, la formation, la transparence…
L’être humain est complexe par sa diversité, mais cette pluralité intégrée à une culture d’entreprise partagée et librement choisie est une source de performance intarissable. Généralement en temps de crise, c’est le spectre de l’individualité qui prend le dessus, ce phénomène peut être tempéré et coloré par l’existence d’une cause commune à laquelle on croit et qui nous permet de satisfaire nos besoins primaires individuels. Mais pour cela, il faut convaincre. Et comment le faire si ce n’est par des actions au quotidien visant à renforcer et faire vivre la culture d’entreprise et de l’entreprise de manière collective ? L’anticipation !
© Quinn Buffing
Ne recrutez plus le/la collaborateur(trice) qui vous ressemble, mais celui ou celle qui partage la culture de votre entreprise.
C’est le moment de revenir sur cette notion « d’aider à grandir ». Votre entreprise a été créée à votre initiative, mais sauf si vous envisagez de rester seul(e) à la faire tourner, vous devrez vous entourer de personnes compétentes. Alors, recherchez des collaborateurs et aidez-les à grandir au sein de votre structure comme vous le feriez avec des associés et non comme des employés. Notre état d’esprit participe à notre conditionnement, mais aussi à celui de notre entourage. Une approche collaborative apporte plus de fruits, car c’est en toute conscience de l’ensemble des enjeux de l’entreprise et de son environnement que vous serez plus productifs collectivement.
Oui, l’idée de création vient de vous, oui les risques financiers ont été et sont supportés par vous, oui vous êtes le/la représentant(e) légal(e), mais ne pensez-vous pas que l’on prend plus soin de choses auxquelles on tient et dans lesquelles l’on se retrouve ?
Un conseil : cultivez votre marque employeur ! Cela passe par la définition d’une culture d’entreprise, l’éveil des consciences en interne sur la culture de l’entreprise, des recrutements plus ciblés et qualitatifs, une nouvelle perception de son rôle de chef(fe) d’entreprise et du fameux « bébé ». L’utilité de ces leviers réside dans leur portée qui est à la fois interne (performance, fidélisation, collaborateurs premiers ambassadeurs…), mais aussi externe (éthique, responsabilité sociétale de l’entreprise, changement des modes de consommation…). Vous pouvez vous faire accompagner dans cette définition et ainsi vous libérer du temps utile à la prise de recul et au développement de votre business. Faire appel à des spécialistes de la question est la garantie d’un retour sur investissement durable. La flexibilité est un levier de performance en temps de crise et de post-crise. Le temps des constats statiques est révolu, passons à l’action sans plus attendre pour la pérennité de nos entreprises. Pensons autrement !
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